Si à la première écoute, les lignes de cuivre
de "Burn It Down", le deuxième album des
Dynamites, évoquent les envolées dramatiques d'un
concert funky de la fin des années 60 au fameux Apollo Theater,
ce n'est certainement pas un accident. Après tout, c'est
exactement là que Charles Walker, le frontman et chanteur
du groupe, a fait ses premières armes. Quand le funk est
arrivé sur toutes les scènes du monde, Charles Walker
était au beau milieu, à la base du mouvement, ouvrant
tour à tour pour James Brown, Etta James ou Wilson Pickett.
Par trop méconnu pendant des années, Charles Walker
mérite aujourd'hui toute la reconnaissance du public. Il
a commencé sa carrière de performer à la fin
des années 50 dans sa ville natale de Nashville, enregistrant
avec le célèbre producteur Ted Jarret et se produisant
sur la scène du célèbre New Era Club. Il passe
ensuite les années 60 et 70 à New York, jouant très
souvent à l'Apollo Theater ou au Small's Paradise, où
le mouvement funk prend toute son ampleur. Accompagné par
de nombreux groupes tels les injustement oubliés Little Charles
& The Sidewinders, Charles Walker enregistre alors des singles
pour Chess, Decca et tout une foule de labels de l'époque.
Pas de gros tubes interplanétaires, mais des chansons puissantes
dont la qualité intrinsèque fait aujourd'hui le bonheur
des collectionneurs. Après avoir conquis les Etats-Unis,
Charles Walker traverse l'Atlantique à la rencontre de nouvelles
aventures musicales, et vécut quelques temps en Angleterre
et en Espagne avant de retourner à Nashville dans les années
90.
"Ecouter Charles Walker & The Dynamites m'a immédiatement
replongé dans l'ambiance du Small's Paradise en 1964. C'est
si merveilleux de constater que la voix de Charles est aujourd'hui
plus forte que jamais". Ainsi parle Bettye LaVette, "the
great lady of soul", et ce n'est pas volé. Si tout cela
sonne ringard, réfléchissez-y à deux fois.
Les Dynamites sont loin d'être les seuls à tenter de
raviver les flammes du funk original. D'un bout à l'autre
du pays, la renaissance du funk et de la soul est palpable
en février 2007, un article du New York Times était
ainsi titré "What's going on ? Everything Soul is New
Again", proclamant haut et fort le retour en force de la soul
music.
Entre R'n'B furieux et soul balancée, Kaboom! fut
en 2007 le premier album du groupe de funk de Nashville The Dynamites,
menés d'une main de fer dans un gant de velours par le fantastique
Bill Elder (a.k.a Léo Black), leader du groupe, guitariste,
compositeur principal, arrangeur et producteur. Pour un vétéran
de la soul comme Charles Walker, la rencontre avec Bill Elder fut
comme une épiphanie. Et le plus important de tout, c'est
qu'il a trouvé en Bill Elder un songwritter qui écrivait
pour sa voix, là où pendant des années il enregistrait
des chansons écrites au jugé et qui ne l'inspiraient
pas forcément. " Quand j'étais chez Chess et
Decca, je faisais ce qu'on me demandait. Maintenant, je peux choisir
les chansons que j'ai envie de chanter ". Le résultat
? Charles Walker est plus relaxé et confiant que jamais quand
il rentre en studio avec les Dynamites. " Je me sens tellement
bien maintenant. Je me rappelle m'être tellement mis la pression
pour enregistrer un hit par le passé
désormais,
je fais juste ce que j'aime. " Il n'en fallait pas plus pour
les Dynamites, seuls capables de raviver l'étincelle Charles
Walker et de pousser le chanteur dans ses retranchements pour lui
faire enregistrer le funk le plus dur et le plus rocailleux qu'il
soit. Les nombreuses tournées qui s'ensuivirent ont permis
aux Dynamites de se faire un nom et une réputation, celle
d'un extraordinaire groupe de scène, accompagné d'un
des plus grands chanteurs qu'il soit. Pendant ce temps, Kaboom
! était acclamé par la critique
Deux ans après, voilà que débarque "Burn
It Down", puissant, ambitieux, gonflé de l'expérience
scénique d'un groupe qui a beaucoup voyagé. Résolument
funky et profondément soul, Burn It Down est un disque
abrasif, décapant, nourrie d'une rare intensité, comme
s'il était prêt à exploser à tout instant
on vous avait pourtant prévenu, il faut toujours se méfier
quand on manie de la dynamite.
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